Chorégraphe et performeuse, directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes, Ambra Senatore compose des œuvres pour parler du collectif et tisser des liens entre les êtres. Au fondement de toute sa recherche se trouve la relation. Dans son travail, le quotidien est « observé à la loupe », décalé, renversé. Adepte des surprises, des cut et des répétitions, qui rappellent le cinéma, Ambra Senatore recompose le réel à la manière d’une réalisatrice. En Italie, elle se forme auprès de R. Castello, R. Giordano avec qui elle collabore rapidement. En tant qu’interprète, elle travaille avec J. C. Gallotta, G. Rossi, G. Lavaudant, ou A. Tagliarini. Au début des années 2000, elle crée des pièces collaboratives tout en terminant un doctorat sur la danse contemporaine. En 2004, elle se lance dans l’écriture chorégraphique avec des soli qu’elle interprète (jusqu’en 2009) puis avec des pièces de groupe et affirme son écriture hybride où se conjuguent danse, théâtre et profonde humanité. À la direction du CCN de Nantes depuis 2016, Ambra Senatore propage une danse généreuse et curieuse (créations in situ dans les parcs publics, les marchés, les écoles, les musées, les lieux patrimoniaux, les gares …), qu’elle considère comme un moyen de partage, de connaissance de soi et de l’autre.
Ce solo naît du besoin de questionner le lien aux lieux, aux personnes, aux évènements qui constituent nos identités. Il se nourrit de réflexions sur les notions de « chez soi », de racines, sur la relation à des ailleurs desquels on s’est éloigné, par choix ou par manque de choix. En croisant danse et voix, la chorégraphe se laisse traverser par des récits de femmes, des histoires de départs, de retours, mais aussi d’attente et d’engagement. La collaboration étroite avec le compositeur Jonathan Seilman prend ici une place encore plus importante que dans le passé.
« Le sentiment fort que j’ai eu [au départ de ce projet], c’est de m’interroger et d’interroger d’autres personnes sur la notion d’appartenance et sur ce qui nous constitue : l’appartenance à nos origines – ou pas, comment on peut embrasser plusieurs contextes, plusieurs chez soi – ou pas, et ce lien avec nos ancêtres de manière très concrète : celles et ceux qu’on a connus, dont on nous a parlé. J’aimerais donc que le solo croise non seulement mon histoire, mais plusieurs histoires, qu’il traite d’une sorte d’universalité, ou au moins d’une pluralité. »
Ambra Senatore